Un passé inexistant ?

Je me précipitai à une allure ahurissante. Brutalement, je me cognai à un individu. Il me dévisagea du regard et m’insulta. Prise au dépourvue, je m’inclinai et lui saluai mes plus humbles excuses. Aussitôt, je repartis les jambes à mon cou avec ma longue robe qui me gênait énormément pour me déplacer. Quelques minutes plus tard, j’étais essoufflée mais j’avais ma conscience qui m’obligeait sèchement de continuer et de ne pas baisser les bras. Je pouvais garder mon sérieux, mon sang-froid mais à ce moment précis… c’était impossible. J’avais alors les larmes qui coulèrent, perlèrent mon visage rosé. Mes mains tremblaient, puis ce fut mon corps en entier.
J’avais l’impression d’être suivie… suivie par un passé inexistant… Au bout du compte, je m’arrêtai net et m’assis au beau milieu d’une place où les personnes venaient et partaient pour aller d’un endroit à un autre. Un vieil homme à son insu vint près de moi et me demandait si j’allais bien. D’un pivotement de tête, je lui indiquais qu oui. Je me relevai et reparti à nouveau. En me retournant, mes prunelles furent attirées par un objet s’étant accroché à ma robe par un quelconque moyen. Je dus m’asseoir pour l’enlever. Mon regard fut étonné… c’était une plume. Elle avait une couleur rosée, le double de la taille d’une plume d’un oiseau ordinaire.
Je scrutais de mes yeux mon environnement et je ne vis rien de potentiellement dangereux. J’étais totalement dans mes pensées… Et ce qu’il m’avait dit était vrai ? Tout aurait été mensonge… mais j’avais tellement l’impression d’avoir vécu une enfance ici même et pas autre part. Cela aurait donc dit, qu’en réalité… le « père » que je cherchais n’existait pas ? Mais d’ou venait l’arc ? D’où venait ses souvenirs inexistants ?
Sans m’en rendre compte, je ne pleurais plus. Mon visage était de nouveau devenu sans expression ni émotion. En me relevant une dernière fois, je percutai quelqu’un.

Telemnar était revenu à Agnostion pour finir quelque-chose qu'il avait à faire. Il s'était rendu là où était l'auberge dans laquelle il avait vécu, malheureusement la structure en bois avait été remplaçée par un immeuble de plusieurs étages. Il ne restait plus rien de l'ancienne bâtisse, plus rien. Puis il vait voulu voir s'il ne restait pas quelque-chose de l'auberge. Mais on lui dit tout simplement :

_ Désolé mais non, tout à été brulé ou recyclé.
_ Pourquoi ne pas l'avoir gardé ?
_ Et bien, pour tout te dire ça faisait un bail que t'étais pas venu et on se demandait même si t'étais pas mort, donc...
_ Ouais, je comprends, merci quand même...

Puis le chef des nomades était repartit il se dirigeait vers une place qu'il connaissait bien, quand il était gamin, il y jouait souvent. Son faucon se posa sur son épaule, il avait fini de manger. Telemnar le débarassa des quelques poils de mulot qui restait sur son plumage. Il mit en place sur son épaule un morceau de cuir épais pour éviter que les serres de son rapace ne lui rentre dans la peau et ne lui laboure l'épaule. Alors qu'il marchait trnaquillement, se fihant de ce qui se passait autour de lui et dévisageant quiconque le regardait, il heurta quelqu'un d'autre. Il baissa les yeux et vit une jeune fille de l'âge d'Astral, il l'aida à se relever, et lui demanda :

_ Vous allez bien mademoiselle ?

Surprise, je tombai brutalement par terre mais je ne sentis aucune douleur contrairement à ce que j'aurais pu croire. Sans l'avoir voulu, un léger hoquet durant ma chute s'échappa furtivement de ma bouche. Pendant ce temps qui me semblait très long, on me releva et je fus surprise de découvrir un aigle perché sur l'épaule de l'homme que je venais tout juste de percuter sans l'avoir désiré. Il prononça des paroles qui me semblèrent brouillée pendant un certains temps mais je répondis tout de même :
-Oui... Excusez moi, je n'avais pas regardé mon chemin et je vous ai percuté. Veuillez pardonner mon manque de délicatesse et ma rêverie.
Je m'écartai aussitôt de lui pour pouvoir mieux l'observer du coin de l'oeil, mais je fus vite reprise par mes émotions de tristesse et de morosité. J'avais l'impression de ne plus savoir qui j'étais... et en réalité, je n'étais pas celle que l'ont pouvait croire. Cet homme, non pas celui que j'avais percuté, mais celui qui avait osé franchir le pas vers les secrets, ceux que je n'aurais strictement jamais du connaître, me bouleversait considérablement. Il prétendait que je venais d'un autre monde, que ma mémoire avait été effacée à cause de la perte de mon âme, mes ailes, mes plumes du souvenir. Soudainement, mes yeux s'agrandirent de peur et je positionnai la plume rosée devant mes prunelles. D'un geste qui me vint au hasard, je la collai à mon coeur et elle s'y engouffra. Un cri de stupeur sortit de mes lèvres et je découvris que la plume était désormais en moi. Désormais, c'était une vision étrange qui m'apparut au beau milieu de la place. Je voyais des visages qui commençaient à me paraître familier, j'observais des paysages qui n'étaient pas les même que ceux-ci. Je scrutais du regard, mon passé ! Ainsi, il avait raison... Une nouvelle émotion me percuta de plein fouet et mon corps tremblait de façon quasi exagérée. Mon regard se posa sur l'homme accompagné de son aigle qui semblait avoir assisté à la scène de la plume.
-... Veuillez à nouveau me pardonner, oubliez ce que vous avez vu... Merci.
Je tentais de m'enfuir. Selon mes souvenirs, je n'étais plus Elisabeth Ebola, j'étais une autre fille, une princesse. Un garçon avait vainement tenter de me ramener les plumes de souvenirs... il y était presque... mais il avait échoué... Par la suite, sans que je ne sache pourquoi, j'étais ici. Je n'avais en mémoire qu'une fine partie de mon passé. Mon nom... le vrai nom, c'était Sakura.